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Quelle relation notre société entretient-elle avec la mort ?

Ce besoin de se laisser aller ce matin à la mélancolie, de pleurer lorsqu’apparaissent quelques mots bienveillants, écouter Avishai Cohen et laisser son âme rencontrer ce qui nous dépasse.

 

La vie et la mort, indissociables et pourtant que l’on ne veut voir. Accepter ce qui vient sans pour autant jamais baisser les bras, croire en cette force de vie qui nous habite et vivre.

 

Oui, vivre. Chaque instant, chaque souffle avec chaque parcelle de notre corps. Chaque rencontre, chaque amitié, tout ce qui nous nourrit. Dire à chacun qu’on les aime sans attendre. Car la vie se vit maintenant....

 

Thomas, 25 avril 2020

Les images nous plongent dans la réalité de notre monde intime et nous interrogent sur notre relation à la mort. Cette crise que traverse l’humanité révèle notre refus de la voir inhérente au cycle de la vie.

Claudine, âgée de 80 ans, née au début de la 2ème guerre mondiale, regarde et accepte cette fin naturelle, embrassant chaque instant de vie avec sérénité. “J’ai l’âge que j’ai, je vis, et si demain cela devait m’emporter j’aurai vécu debout”.

Marie, 75 ans, est décédée le 15 avril du Covid19, seule, tenue confinée au nom de cette mort que l'on ne veut voir. Artiste, poétesse, aurais-je abandonnée seule celle qui me fit découvrir Brel, la poésie des mots et la photographie? Est-ce cette peur face à la maladie et la souffrance qui nous tient à l’écart?

Thomas, 50 ans, face à cette réalité des scanners, IRM et autres machineries révélant une tumeur cérébrale qui m’accompagne depuis 5 années. Il aura fallu l’écouter, comprendre ce qu’elle me disait, l’accepter et par dessus tout accepter la finitude de sa vie biologique. On m’annonce une récidive le 22 avril. Etrange synchronisme avec cette crise de l’humanité.

Notre société post millénaire ne tolère plus la maladie, la non-perfection ou la mort.  La question aujourd'hui ne peut plus être : repousser, voire éviter la mort, ne sauvant qu’une “vie nue” selon l’expression du philosophe Giorgio Agamben. Devant l’état d’exception permanent, la question de nos libertés individuelles se pose crucialement face aux dérives qui pourraient survenir "pour protéger à tout prix la population de la mort".

 

Bruxelles, Belgique, mars . juillet 2020

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